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Chawki Ben Saada: Nafti et Jaïdi peuvent mener la sélection loin..

Artisan de la remontée en Ligue 2 de son club de cœur, le SC Bastia, l'ancien milieu offensif de l’équipe nationale Chawki Ben Saada (40 sélections, 5 buts) a accepté de se livrer à Mosaïque FM. Son parcours, ses souvenirs, le Mondial 2006, son regard sur la sélection... L’homme de 37 ans, que le sourire rajeunit toujours, nous dit tout ! - Entretien conduit par Mohamed Ali Arfaoui-.

Avec cinq buts et cinq passes décisives en 24 matchs la saison dernière, vous avez permis au Sporting de retrouver le haut niveau (montée en Ligue 2). Est-ce qu’on peut dire que l’objectif de votre retour à la maison est déjà atteint ?

Oui, certainement. Le challenge est réussi. Quand je suis arrivé en 2019, nous étions en 4éme division (Nationale 2). À cette époque, notre objectif consistait, en premier lieu, à remettre le club à sa place habituelle, en lui permettant de retrouver le monde professionnel. Durant deux saisons, nous avons cravaché très dur et nous avons montré de belles valeurs, chose qui nous a permis d’assurer notre montée en Ligue 2. En tant qu’enfant du club, c’est une grande fierté de contribuer à cet exploit. Je suis venu pour ça !

Vous venez de passer deux saisons particulières. Comment avez-vous vécu la saison dernière, où vous avez joué avec des amateurs sur des pelouses synthétiques ?

C’était très compliqué pour moi, surtout que je n'ai connu que le monde professionnel, tout au long de ma carrière. Je trouve que c’est très difficile d'évoluer, une saison entière, sur des terrains où on n'arrive pas à jouer au football. La tâche était bien périlleuse, mais le plus important, c’est que l’objectif a été atteint avec succès. N’oublions pas, ainsi, que j’ai eu la chance d’évoluer aux côtés de bons joueurs, avec lesquels on s'est serré les coudes, pour surmonter tous les obstacles et remettre le club sur les bons rails.

Avec votre expérience, vous avez eu certainement un nouveau rôle au sein du club : encadrer le vestiaire et apporter votre expérience aux jeunes. Parlez-nous un peu de ce nouveau statut ?

Oui, c’est vrai. En prenant de l'âge, les devoirs et les responsabilités au sein du club s'agrandissent de plus en plus. J’essaie de montrer le bon exemple aux jeunes. Cette saison en Ligue 2, j’aurai encore plus de responsabilités. Bon nombre de joueurs n’ont jamais évolué dans le monde professionnel et je serai présent pour leur apporter mon expérience, les conseiller et les aider au maximum possible, afin de leur permettre de bien s’adapter, de progresser et d'être performants.

C'est quoi votre défi cette saison : maintenir le club en Ligue 2 ou viser un retour en Ligue 1 ?

Ces dernières années, on est descendu très bas. Pour cette saison, on doit garder la tête sur les épaules et ne pas s’enflammer. On a donc à se bagarrer afin d’assurer notre maintien en Ligue 2. Et dans deux ou trois saisons, on aura certainement les moyens qui nous permettront de rejoindre le haut du tableau et de viser la montée en Ligue 1. Mais pour le moment, notre objectif consiste essentiellement à maintenir l’équipe en Ligue 2.

Le grand retour du SC Bastia en Ligue 2

Votre après-carrière serait-il de devenir entraîneur ou avez vous envie de continuer avec le club et d'entraîner les jeunes ?

Je ne fixe pas de barrières. Je suis ouvert à toutes les propositions. Dans un premier temps, je vais passer mes diplômes d'entraîneur pour avoir un bagage en main et puis on verra ce qui va se passer.

Qu'est-ce que vous retenez de votre passage à Nice ?

C’est le moment de ma carrière où j'étais le plus performant. Mes trois saisons passées en Ligue 1 sous les couleurs de l’OGC Nice sont, sans aucun doute, les plus belles en tant que footballeur, surtout que qu'elles ont coïncidé avec mon parcours dans la sélection nationale.  

Chaouki Ben Saada durant sa période nicoise

Est-ce qu'on peut dire que votre passage à Arles Avignon est la pire déception de votre carrière ?

Certainement. Je considère que c'est ma pire expérience footballistique. Le club n’était pas très professionnel et j’ai eu du mal à m'intégrer. J’ai perdu deux années où je n'ai pas beaucoup joué. Cependant, il faut dire que j’ai une part de responsabilité, car j’ai lâché l’affaire et j’ai travaillé moins. Ces moments difficiles m’ont permis de me remettre en cause et de relancer ma carrière sur de bonnes bases. N’oublions pas ainsi mon passage à l’ESTAC qui a été parfaitement réussi avec deux montées en Ligue 1. J’ai vécu une véritable renaissance là-bas.

Le 30 novembre 2002, vos deux premiers buts en élite contre l’OM sous les couleurs du Sporting, avec cette fameuse coupe à la Roberto Baggio ? Etait-ce votre meilleur match sur un terrain de foot ?

Non, ce n'est pas mon meilleur match, mais il fait partie du top de mes souvenirs. Cette rencontre restera gravée dans ma mémoire pour toujours.

Le fameux doublé de Ben Saada face à l'OM

Vous avez rejoint la sélection en 2005 sous l'ère Roger Lemerre. Etait-ce le choix du cœur ou de la raison ?

Il y avait un peu des deux. À ce moment-là, je savais que l’équipe de France était inaccessible pour moi. Après des échanges avec monsieur Lemerre et avec quelques joueurs, je n’ai pas hésité à répondre présent, d'autant qu’il y avait de grosses compétitions et que cette expérience allait me permettre de mieux progresser en tant que footballeur.

Comment avez-vous vécu la Coupe du Monde 2006 ? Au début, vous n’avez pas été retenu, mais Lemerre vous a recontacté après la blessure de Issam Jemaa...

Au début, c’était une très grosse déception pour moi ! Un très gros moment de tristesse, surtout que j’ai disputé tous les matchs de qualification. Mais finalement, il y a eu ce coup de chance qui m’a permis de vivre ce rêve de gosse. J’ai même disputé le dernier match face à l’Ukraine. Enfoncé dans la joie, l’euphorie et l'excitation, je ne me rappelle même pas ce que j’ai réalisé pendant le match, ça s'est passé très vite. Mais après, j’ai bien réalisé que ce que j’ai vécu était quelque chose d'exceptionnel.

Le coup franc magistral marqué par Ben Saada face au Cameroun (quart de finale de la CAN 2008)

Vous gardez toujours des contacts avec les anciens joueurs de la sélection ?

Oui, je suis toujours en contact avec Aladin Yahya, Houcine Ragued, Wissem Bekri et Wahbi Khazri...

Votre regard sur la sélection tunisienne, actuellement ?

Il y a de jeunes joueurs, évoluant au sein des grands clubs, qui ont renforcé les rangs de la sélection récemment. On est vraiment fier que des compétiteurs de ce calibre portent le maillot tunisien. On espère d’abord qu'ils s'imposent et qu’ils réussissent dans leurs clubs, afin de nous porter plus haut. D’un autre côté, je pense que dans les prochaines années, il y aura une nouvelle vague de jeunes entraîneurs comme Mehdi Nafti, Radhi Jaïdi et Selim Ben Achour qui pourront mener la sélection au plus haut niveau. Ils sont très passionnés et ils vont certainement s'imposer.

Quel joueur t'impressionne le plus en sélection ?

Moi, je suis un ancien, je vais donc choisir Youssef Msakni et Wahbi Khazri. J’ai joué avec Youssef à ses débuts en 2010, c’est un joueur très talentueux comme Chikhaoui et Chermiti.

Pensez-vous que la Tunisie puisse gagner la CAN 2022 ?

Avec les jeunes joueurs qui montent et les ceux d'expérience, on peut aller très loin.

Pour en revenir à votre carrière, qu'auriez préféré, remporter la Ligue 1, la Coupe de France ou un titre avec les Aigles de Carthage ?

Un titre avec la Tunisie aurait certainement eu un goût exceptionnel. 

Entretien conduit par Mohamed Ali Arfaoui

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